RÉFORME DES RETRAITES : QUELS SONT SES IMPACTS SUR LA PRÉVOYANCE ?

Une tendance des arrêts de travail largement à la hausse

On constate depuis 2018 une hausse des arrêts de travail tant en termes de nombre, de durées, que de coûts avec en 2022, une durée moyenne des arrêts longs qui s’élevait à 97 jours.

Autres chiffres* évocateurs :

• 64% des entreprises ont connu au moins un arrêt long dans les 12 derniers mois (vs 60% en 2020) notamment dans les secteurs de l’industrie, du BTP et de la santé ;
• 14% des arrêts de travail en 2022 courent à minima sur 30 jours contre 9% en 2018 ;
• Le volume des indemnités versées par la Sécurité sociale a augmenté de plus de 15% entre 2021 et 2022 ;
• Une dérive structurelle des arrêts de travail de 2% s’est accentuée ces trois dernières années sans que l’on voie une amélioration à court terme ;
• 41% des salariés arrêtés l’ont été au moins à deux reprises en 2022 vs 37% en 2019. Un phénomène qui touche particulièrement les aidants et les salariés issus du domaine de la santé.

De façon globale, la hausse des arrêts de travail est en partie liée au vieillissement de la population active. Mais pas seulement, puisqu’on constate une hausse importante des arrêts pour motif psychologique. Les causes sont nombreuses : les confinements et les déconfinements successifs, ainsi que la perte de sens au travail. En outre, impossible de ne pas citer la dégradation de la santé mentale qui est la principale cause de la hausse des arrêts longs (28% vs 14% en 2016).

Le taux d’absentéisme en entreprise en nette progression

Autre conséquence possible du report de l’âge à la retraite : l’augmentation de l'absentéisme. Une hypothèse renforcée par le rapport du Centre d'études de l'emploi et du travail du Cnam datant du 14/02/2023, qui a examiné les conséquences passées du recul de l'âge légal de départ à la retraite à 62 ans depuis 2010. Les données sont éloquentes : repousser l'âge de la retraite conduit à une augmentation des arrêts maladie due au maintien en activité à un âge plus élevé.

À cela s’ajoute une hausse des risques décès durant l’activité. D’après l’INSEE, le quotient de mortalité d’un salarié de 63-64 ans est 3x plus élevé que celui d’un salarié de 43 ans (âge moyen). Sur 5 ans, cela représente une hausse d’environ 10% du nombre de décès en lien avec le vieillissement progressif des salariés en entreprise.

Les impacts sur les contrats de prévoyance

Entre la hausse des arrêts maladie, la progression de l’absentéisme en entreprise, le report de l’âge à la retraite et le contexte inflationniste, les assureurs vont voir leurs charges de remboursement s’alourdir. En réponse à ces tendances, ils souhaiteront adapter les cotisations pour prendre en charge cette augmentation probable du recours aux contrats de prévoyance.

En complément, s’ajoutent les négociations de fin d’année entre les différents acteurs de la protection sociale des Français, avec la loi de financement de la Sécurité sociale de 2024. L’augmentation du plafond de la Sécurité sociale sera publiée en fin d’année par arrêté ministériel. On estime à ce jour une revalorisation des prestations sociales à 4,5%, ce qui impactera notamment les indemnités journalières en cas d’arrêt ainsi que les taux de remboursement des contrats de prévoyance.

*Baromètre national de l’absentéisme.